Élaborer un protocole de suivi dans l’urgence
La méthode de suivi des situations de confinement s’est mise en place dans l’urgence, pour pouvoir commencer l’observation le plus tôt possible par rapport au 16 mars : dès notre première rencontre nous avons rapidement recensé 11 personnes à interviewer chaque semaine pendant une heure, selon une grille d’entretien. Au-delà de ces entretiens conduits par téléphone, nous avons eu l’idée de demander à des personnes de nos réseaux personnels de rédiger des journaux de bord. Les consignes étaient simples : une certaine temporalité dans l’écriture (au minimum hebdomadaire) et une grille de thèmes à aborder. Au final, 32 journaux de bord seront recueillis. Pour l’ensemble des personnes suivies, nous avons sollicité des personnes de notre entourage personnel. D’où une certaine homogénéité sociale fondée sur la classe moyenne et supérieure urbaine. Nous avions décidé de nous concentrer sur des personnes habitant en ville et étant restées en ville pendant le confinement.
Notre groupe de travail s’est réuni de manière hebdomadaire de mars à mai. Toutes les semaines nous mettions en commun les sujets abordés tant dans les entretiens que dans les journaux, nous échangions sur le vécu collectif de l’événement, sur les questions suscitées par ce que l’on pouvait observer çà et là, ainsi que sur le moral de notre groupe. Nous avons formalisé une frise chronologique du rapport au temps durant ces 6 semaines, mettant à jour l’état moral des interviewés. Celle-ci retrace l’humeur collective mettant en évidence l’impact de la météo, des annonces gouvernementales et du décompte temporel.